Un scientifique au parfum

Mohamed Shimy est spécialiste des fragrances de l’Egypte ancienne.

Discret, presque timide, Mohamed Shimy se livre pourtant sans ambages. Il évoque, les yeux pétillants de souvenirs, son enfance dans la ville de Minya, toute proche des temples d’Amarna et des tombes et mastabas de Beni Hassan, qu’il visitait accompagné de son père, en quête d’un trésor caché. Joyaux de la Haute Égypte, ces sites, datant pour l’essentiel du Moyen Empire, forgent sans aucun doute sa vocation. Diplômé d’archéologie et d’égyptologie, il entame sa carrière de chercheur au Centre ci’ étude et de documentation sur l’ancienne Égypte du Caire par le relevé des graffitis de la montagne thébaine. « Des années durant, j’ai fouillé, transcrit, répertorié, photographié, analysé, dessins et caractères de la vie quotidienne des Égyptiens à l’époque pharaonique. La beauté, qu’il s’agisse d’un sourire ourlé ou d’un regard souligné, y est un thème récurrent. » De la séduction au parfum, il n’y a qu’un pas qui le conduit, en 1997, à l’université de Lyon-II où il soutient une thèse de doctorat consacrée aux parfums et à la parfumerie depuis l’Ancien Empire jusqu’à la fin du Nouvel Empire. « De la cueillette au pressurage des fleurs, de la coction des essences au filtrage et à la mise en jarre du produit fini, l’Égypte a été une source inépuisable d’inspiration dont on peut suivre les étapes et les progrès depuis l’aube des temps pharaoniques jusqu’à l’époque arabe », explique-t-il, le front plissé et les mains jointes. Avant d’éclater de rire et de lancer: « Mais surtout, j’aime les femmes. Et toutes les scènes liées au parfum sont extraordinairement attractives! » Âgé de 58 ans, Mohamed Shimy est aujourd’hui directeur du Centre d’information archéologique du conseil suprême des Antiquités de l’Égypte.