Nous irons tous au paradis

Quelques années se sont écoulées depuis « Un éléphant ça trompe énormément », les quatre copains dont nous avions alors fait la connaissance ont toujours la quarantaine. Les affaires vont bien. Jean Rochefort est cadre dans une botte d’audiovisuel, il va connaitre la jalousie que lui inspire un rival ; Claude Brasseur a changé de garage, Guy Bedos donne dans son cabinet des consultations très poussées, pas tant pour échapper à l’éternel mari qu’aux fureurs de sa propre mère, Marthe Vilialonga ; quant à Victor Lannoux, il vit avec une nouvelle femme : la sienne vit avec une sorte de post hippie pianiste sans tabouret. Yves Robert dirige tout son monde avec un bonheur évident en évitant soigneusement les effets faciles. On entre dans le film comme un vieux pullover, peut-être grâce à la justesse des dialogues de Jean-Loup Dabadie, écrits comme s’il n’y avait pas de dialogues. Ces grands enfants, qui ne seront jamais adultes, sont aujourd’hui devenus un peu plus nos amis. Nous faisons partie de leur bande qui est plus émouvante et plus amusante que jamais.Nous irons tous au paradis « Nous irons tous au paradis » reste un exemple pour la comédie cinématographique à la française, brillante, sensible et sans vulgarité. Cette cassette devrait vous donner envie de revoir dans la foulée: »Un éléphant ça trompe énormément », dont elle n’est pas véritablement la suite, mais le prolongement.

Le quart d’heure américain

Le quart d'heure américainLe quart d’heure américain c’était dans les boums des années anciennes, quand les filles invitaient les garçons à danser. Elle est animatrice d’une radio périphérique. Radio 1, qui vous en rappellera peut-être une autre. Au cours d’un « radiostop », elle rencontre un laissé pour compte qui avait décidé de partir pour Bangkok. C’est elle qui va essayer de lui mettre le grappin dessus. Pour son deuxième film, Philippe Galland a utilisé Anémone et Gérard Jugnot en sex-symbols. Anémone pleure parce que les mecs la trouvent sexy et se décrit comme un modèle unique, pas fausse Bardot et pas fausse Marilyn. Quant à Gérard Jugnot qui, je cite, « oublie quelquefois la répulsion qu’il inspire », il a la tronche à gagner un concours de grimaces sans bouger la figure ! L’idée de départ était de renverser les rôles ; ici ce n’est pas elle, mais lui qui a besoin d’affection et d’un minimum de sentiments pour céder à la passion de sa partenaire. On trouve aussi une satire du monde de la radio, mais beaucoup moins virulente que celle de Jean Yanne dans « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Mais ce n’est pas là l’essentiel. Philippe Galland n’a pas voulu jouer la carte du rire à tout prix. Il a recherché aussi la tendresse, et même si son film est un peu bâclé, notamment par la faiblesse du dialogue, il permet de sourire devant l’horrible histoire de ce garçon sans défense livré aux plus bas instincts d’une femme sans scrupules !