La traversée de Paris

La traversée de ParisPendant l’Occupation, deux trafiquants vont transporter de nuit un cochon découpé, dans quatre grosses valises. A pied, il va leur falloir traverser tout Paris. C’est aussi simple que cela. Et pouvoir résumer un scénario en deux lignes est souvent une garantie de qualité. Car sur un point de départ aussi linéaire se développe un portrait drôle et cruel des Français moyens auxquels vont avoir affaire ces deux prodigieux complices : Gabin et Bourvil. Le premier fort en gueule, insolent, tyrannique, le second timide, pleurnichard et lâche. Et les voici ensemble chez le charcutier, un certain M. Janvier. C’est déjà un inoubliable Louis de Funès, alors peu connu, mais que ce rôle devait contribuer à révéler. Soudain Gabin se met à tonitruer dans la nuit le nom du commerçant indélicat et son adresse. C’est l’un des grands moments de ce film devenu un classique, dont chaque vision nouvelle apporte des surprises supplémentaires. Claude Autant Lara est un peu oublié aujourd’hui, c’est injuste. Souvenez vous aussi de « L’auberge rouge » avec Fernandel en moine terrorisé. Dans « La traversée de Paris », il bénéficie aussi du talent de Marcel Aymé. Une signature qui devrait vous suffire pour empoigner vos valises, sans perdre une seconde, et, au besoin, traverser tout Paris à pied pour aller chercher cette cassette.

Salut l’artiste

Salut l'artisteIls sont comédiens, mais pas de ces vedettes dont le nom figure au-dessus du titre sur les affiches. Non. Ils font partie de l’innombrable cohorte de ceux qui, sans être dénués de talent, n’ont jamais trouvé leur chance. Alors, ils courent le cachet, à longueur de journée : doublage de films le matin, radio au déjeuner, publicité l’après-midi, théâtre le soir et, pour finir, cabaret la nuit. La vie privée, dans tout ça, elle en prend un coup. Mastroianni n’arrive pas à se décider à choisir entre sa femme et sa maîtresse. Quant à Rochefort, il a envie de laisser tomber, pour une « vrai méfier »: représentant en pâtes alimentaires… Sur ce coup de chapeau aux obscurs, aux sans-grades du vedettariat, « Salut l’artiste » est une réussite totale. Grâce à Yves Robert qui, élevé dans le sérail, en connaît tous les détours. Il manifeste et nous fait partager une immense tendresse pour ses personnages qui ne sont pas des ringards. Alternant le rire et le sourire, Yves Robert a signé un film qu’il qualifie lui-même de « mélancolique ». C’est la plus parfaite définition que l’on puisse trouver de cette comédie brillante et émouvante à la fois, grâce à laquelle vous ne regarderez plus jamais de la même façon les seconds rôles dans un film.