Téléfilm Motus

Téléfilm de Laurence Ferreira Barbosa, avec Jocelyne Deverchere, Emmanuel Finkiel (2001, France, 90 mn)

Chez Laurence Ferreira Barbosa mieux vaut être une femme qu’un homme. Démonstration dans ce nouveau volet de la série Masculin/Féminin.

Joséphine (Jocelyne Desverchere), la trentaine, mère de deux enfants. Environnée de signes et de slogans se référant à la féminité, qui la happent dans la rue. Ambiance subjective. Mari informaticien, Antoine, monolithique, incarné par Emmanuel Finkiel, le réalisateur de Voyages. Ça roule, ni hop disert ni trop naturaliste. Juste entre les deux. TDQS (téléfilm de qualité supérieure). Something’s got to give (hello Marilyn). Quelque chose doit, va arriver.

Laurence Ferreira Barbosa repart explorer les déraillements de la féminité, tout en tentant, bonne élève, de se conformer au programme de cette nouvelle (et vague) série d’Arte Masculin/Féminin. Alors, aliénation ou pas aliénation? Difficile à dire. En tout cas l’intrigue intrigue. Et surtout la fille/ femme/mère qui se balade dans la vie et dans la ville en quête de … Oui, de quoi, au fait? Pas clair. D’identité, sans doute, de certitudes ou d’ennuis, peut-être. Exploration côté new-age, « Ta partie féminine est trop fragile, il faut que tu la développes dans un autre sens », énonce un dragueur dread-Iockeux de rencontre.

C’est plaisant à regarder, filmé avec une science élégante pour choper de petits riens impressionnistes sur le chemin. Des bribes de gros plans d’affiches, des regards fugitifs, la mimique d’une caissière. Cadrages serrés et hyper mobiles sur les personnages. Tiens, le maire qui célèbre un mariage non identifié est incarné par le (vrai) maire (communiste) de Saint-Denis, Patrick Braouezec. Mariage qui est l’occasion de la première tromperie de Joséphine: scène classique. Rien de tel qu’un mariage pour susciter l’adultère chez les gens (trop) casés. Bref, Joséphine, jeune femme normale, n’a rien d’exceptionnel. Pas grand-chose à voir avec les douces dingos des précédents films de Ferreira Barbosa.

D’un autre côté, la vision de la masculinité n’est franchement pas élaborée. Les hommes, des veaux (le mari fait l’amour avec sa maîtresse et débande en apercevant une peluche enfantine – culpabilisation stéréotypique). Ce mari obtus, rasoir (on la comprend, Joséphine), n’arrête pas de dire à sa femme qu’elle déraille, qu’elle pète les plombs. Il faudrait qu’elle s’y résolve pour lui clouer le bec.

Bilan: une version light et familiale de l’univers de Laurence Ferreira Barbosa, où le désordre intérieur d’une femme, la bêtise de son mari, « ignoble », dit-elle justement, se règlent par quelques liaisons joliment filmées, parfois.

On aurait aimé que la cinéaste explore de manière plus constante et consistante ses pulsions expérimentales – qui n’ont qu’une fonction cosmétique – pour faire décoller le film du sacrosaint réalisme télévisuel. N’empêche que la moitié du sujet n’est pas traitée. Les hommes sont ici des potiches ou des repoussoirs (cf. la scène dans le square où une mère seule parle à Antoine qui ne lui répond pas). Ouais…