Pékin central

Un adultère d’une sinistre banalité : une caricature de journaliste tête à claques incarné par Yves Rénier emmène en voyage de presse sa petite amie – Christine Citti, révélation – et son photographe à tout faire – Marco Bisson, tendre. Le trio se greffe donc sur un voyage organisé genre «beauté de l’Asie millénaire» en pire encore.., un voyage organisé quoi ! Premier point fort : ça se passe à Pékin, il n’y a pas à en douter et c’est la première fiction étrangère jamais réalisée en Chine-pop. Une Chine très en apparence et carte postale. Comme si les Chinois venaient filmer une histoire d’amour sur fond de tour Eiffel, de Moulin Rouge et de Folies Bergères. On ne nous épargne pas une brique de la grande muraille_ La muraille qui cache la Chine. Second point fort la vision d’horreur du voyage de groupe. Camille de Casablanca ne nous fait grâce ni des «turista – dont sont victimes les voyageurs ni de leurs commentaires stupides du genre «j’ai fait le Chili à pied l’année dernière, ça valait pas le Titicaca à dos de chameau». De quoi vous donner l’envie de voyager en troupeau! Et puis il y a la relation entre le journaliste et sa petite. Alors là, c’est d’une délicatesse totalePékin central. Entre «ça me la coupe que tu aies oublié ta pilule» et «tu te souviens quand je t’enlevais tes points noirs», on nage en pleine romance. De quoi vous donner envie de tomber amoureux ! «Pékin central» c’est tout ça. C’est surprenant, mais pas tout à fait convaincant, ni même attachant. Pour sa première réalisation, Camille de Casabianca, la fille d’Alain Cavalier, avait pourtant tous les atouts de son côté. «Pékin central» est plein d’humour et de piquantes idées pas bêtes. Reste un fond de vulgarité dont on se serait bien passé, même au deuxième ou troisième degré. Camille de Casabianca est soit diablement cynique, soit trop imprégnée de romans-photos. On opte pour la première solution. Et «Pékin central» c’est pas le Pérou, mais c’est pas la Chine non plus !