Nigel Irens, no fear ! (bravo)

Son nom sonne comme celui d’un champion de Formule 1. Vous l’aurez sûrement déjà entendu à un moment ou à un autre, au cours de votre existence. Cet homme est une célébrité et, pourtant, pas moyen de mettre un visage sur ce nom. Pas de panique, c’est disons, normal. Nigel Irens fait partie de ces sommités de l’ombre. Une espèce de professeur Nimbus, qui ne vit que pour le développement de ses créatures, dévoreuses de records. La progéniture de cet architecte, puisque tel est son métier, a la particularité de naviguer sur plusieurs coques, Go Goldorak Go!
Après 20 ans de bons et loyaux services, ce sujet de sa majesté méritait bien un hommage dans nos jeunes pages et pour cause; c’est ce genre de personnage combatif et déterminé qui nous permet aujourd’hui de consacrer un magazine uniquement dédié aux multicoques. Autre aspect de ce portrait, Nigel Irens vient de souffler ses 50 bougies. Une carrière dans la course, bien chargée, alors voyez plutôt.

Donner sa vie au multicoque

Après avoir empoché un diplôme d’architecte naval au collège de Southampton, le jeune Nigel revient à Bristol, sa ville natale avec plein d’idées et de vigueur. Il ouvre sa propre école d’architecture navale à voile mais cela ne comble pas ses rêves ; Dans sa tête défilent des engins capables de glisser sur l’eau à des vitesses bien supérieures de celle du vent. Selon lui, seuls les multicoques peuvent relever ce défi. En 77, il décide de construire son premier bébé, un 60 pieds «promenade» qui, comme son nom l’indique, est un bateau de croisière. A noter que son confort et sa vitesse l’ont propulsé «multicoque de l’année» en mer des Caraïbes : une référence. Coup d’essai, coup de maître, Nigel prend de l’assurance et décide qu’il est temps de se lancer dans la course. C’est là qu’il rejoindra sa vraie vocation. Désormais, son seul mot d’ordre sera VITESSE …
Nous sommes en 1980, et oui, le temps passe, cette date marque le début d’une série de destriers des mers. Une longue liste impossible à retracer entièrement mais dont voici quand même quelques événements marquants pour votre gouverne et au cas où vous tombiez sur la question du Trivial Pursuit.

Formule Tag

C’est donc sur «Gordano Goose» que Nigel Irens fait ses armes. Ce trimaran de 40 pieds fera une carrière sans grand éclat, mais naviguera 35 000 milles en course dont 6 traversées de l’Atlantique. Côté fiabilité, faire mieux est difficile. 1982 verra la mise à l’eau de Nital». Ce catamaran de 50 pieds terminera cette année-là 3ème de la «Route du Rhum». Les bateaux dessinés par Nigel Irens commencent à caracoler en haut des classements. La victoire sera bientôt au rendez-vous, avec «Formule TAG» en 1985, skippé par Mike Birch. Ce cota de 24 mètres s’offre 2 événements la même année, la transat Monaco-New York et le record de navigation dans une seule journée avec 518 milles, à 21,6 noeuds de moyenne.