Flagrant désir

Quel régal quand un cinéaste vous plonge dans un univers que l’on sait de fiction, mais que l’on accepte comme authentique. Là, Claude Faraldo nous souhaite la bienvenue chez la famille «Monstre». Sur les traces d’un flic américain d’Interpol (exploitation américaine oblige), nous entrons dans le domaine des Hamac, une des grandes familles de vignerons du Bordelais. Il y a le père, voix rauque et autorité de fer, qui mène son domaine comme Barbe Bleue ou l’ogre, qui gueule pour oublier qu’il n’est pas le plus fort. C’est Bernard-Pierre Donnadieu, qui fait une séduisante composition ! Puis il y a aussi Madame, héritière fragile et séduisante comme une sœur Anne perchée sur sa tour et ne voyant rien venir. C’est Marisa Berenson, plus proche de «Barry Lyndon» que de sa ridicule composition dans «L’arbalète» de Sergio Gobbi.Flagrant désirPuis il y a encore la fille, simplette et tourmentée comme un Petit Poucet qui aurait trouvé le moyen de sortir de sa forêt. C’est la jeune et jolie Anne Roussel qui assume le personnage. Il y a également, entre autres, Isabelle Sadoyan en fidèle servante petite souris qui est toujours là quand on a besoin d’elle et Arielle Dombasle en vilaine sorcière. C’est d’ailleurs parce qu’on la retrouve noyée dans l’étang de la propriété que le flic américain (joué avec beaucoup de finesse et de sensibilité par Sam Waterston, le héros de la «La déchirure») investit le domaine Barjac. Claude Faraldo met en place tout ses personnages comme dans un conte de fées ou une tragédie. Mais il filme surtout son décor : les vignes, le petit château bourgeois et confortable comme un musée, les bois environnants, l’étang tragique, le soleil, le village proche de la propriété, etc. Dans un tel écrin de nature, son intrigue policière prend soudain une dimension humaine touchante et troublante. Superbement écrit, superbement dialogué, superbement filmé, voilà du bon cinéma français, même si «Flagrant désir» est visiblement conçu pour l’exportation…