Atout cœur

Atout cœurL’un peint, l’autre pas. Le peintre, sans succès sinon sans talent, s’appelle Arthur, comme Rimbaud, et il est joué par Peter Coyote. Il n’a pas de chance, Arthur : sa petite copine croit tellement peu à son talent qu’elle le quitte pour aller vivre avec un artiste en vogue. L’autre, Eh, n’a que deux idées en tête : l’argent et les filles. Ce qui, il est vrai, suffit déjà à occuper une bonne partie du temps qui nous est imparti. C’est Nick Mancuso qui incarne Eh. Pourtant, ce n’est pas cet agité permanent que les filles préfèrent, c’est le tranquille Arthur. Comme la jolie Candy, qui lui sert de modèle, ou bien cette fascinante Française qui travaille à la galerie d’art où il expose : Liliane (Carole Laure). Ici, tout se gâte entre les deux compères. Eh, lui aussi, est sous le charme de Liliane. Leur amitié résistera-t-elle à cette soudaine rivalité amoureuse ? Le succès imprévu de l’expo d’Arthur complique encore. les choses riche et célèbre, il coupe l’herbe sous le pied d’Eli… Histoire d’une amitié qui cahote entre la réussite sociale et le mal de vivre, «Atout cœur» est une comédie souriante qui met en présence deux caractères masculins très opposés. Il faut dire que l’enjeu en vaut la peine, puisque c’est la toujours adorable Carole Laure.

Black mic-macBlack mic-mac

Voilà, peut-être, la recette de la comédie à la française d’aujourd’hui. Celle qui avait déjà réussi à «Marche à l’ombre», mais qui a échoué avec «Les frères pétard». Toute mécanique comique traditionnelle peut donner l’impression de nouveauté si elle est ancrée dans une réalité sociale finement dépeinte et subtilement étudiée. Ainsi, au-delà de la rencontre d’un jeune Noir combinard, fraîchement débarqué du pays, avec un inspecteur de la Prévention sanitaire un peu naïf et maladroit qui veut faire fermer un foyer africain, Thomas Gilou a su filmer, avec justesse et tendresse amusée, la communauté noire de Paris. Du Paris des hôtels surpeuplés et insalubres au Paris nocturne branché des boîtes de nuit. Pour cela, quatre scénaristes se sont mis au travail Gilou lui-même, mais aussi sa productrice Monique Annaud, le cinéaste guinéen Cheick Doukouré (qui joue également dans le film) et le scénariste Patrick Braoudé. Quatre personnalités différentes qui ont incontestablement permis au film de trouver son homogénéité et de s’adresser à tous les publics : les spectateurs blancs s’attacheront au personnage de Villeret, s’amuseront à la manière dont il se fait manipuler par la communauté noire et découvriront une autre dimension de l’univers parisien. Mais le public «black» sentira aussi que ce film lui appartient en propre. Voilà pourquoi «Black mic-mac» est une réussite totale. Un rire franc qui vous permet de planter vos dents dans un récit qui a de la chair.